conte haut en couleur

Publié le par lilavande

colorin coloré et mon conte va commencer...

                             VERDURE


 

       Il était une fois un garçon qu'on appelait Verdure parce qu'il avait la peau verte. Il se disait : "c'est curieux, tous les gens qui m'entourent ont la peau blanche, j'en connais qui ont la peau noire, d'autres qui l'ont jaune, d'autres presque rouge, mais des gens à la peau verte, je n'en connais pas.


Je suis seul. Tout seul".


       Et Verdure était très malheureux. Pourtant il était beau, avec ses joues couleur de prairie et ses grands yeux d'un bleu profond. Tout le monde le trouvait très beau. Mais on le regardait comme une bête curieuse et cela le rendait encore plus malheureux .


       Il aurait bien voulu trouver des gens comme lui pour se retrouver un peu en pays de connaissance, pour ne plus être seul.

Un jour, il se dit :" ce n'est pas possible. Il doit bien exister quelque part des gens comme moi.

Il faut que je les trouve.

 Et il se mit à parcourir le monde à la recherche des hommes à peau verte".

Pourtant où il allait, on disait :" il n'a pas notre couleur. C'est un étranger, méfions nous-z-en ". Et les gens lui fermaient la porte au nez, quand ils ne le chassaient pas à coup de cailloux. Verdure ne comprenait pas.

Il se disait : " Je ne leur veux pas de mal, mais ces gens se méfient de moi à cause de ma couleur".

Et il fuyait de ville en ville.


       Une nuit, alors qu'il courait, poursuivi par des hommes blancs, il se perdit et tomba dans un marécage.

Il essaya de s'accrocher aux herbes, il se débattit, mais il ne savait pas nager.
Alors, en larmes il se mit à crier :" je vais me noyer ! au secours ! à l'aide !". Et au moment où sa tête allait s'engloutir, il devina deux ombres dans la nuit qui couraient vers lui.
       A demi étouffé, il sentit qu'on l'agrippait par le bras, les cheveux, et qu'on le tirait sur la berge.
Verdure poussa un grand soupir de soulagement et regarda ceux qui venaient de le sauver.


       Il y avait un garçon, Bruno et une fille qui s'appelait Ebène. Ils avaient la peau noire et comme Verdure, ils étaient pourchassés à cause de la couleur de leur peau.

Alors, ils devinrent de grands amis.

Verdure trouvait Ebène très belle et il l'aimait beaucoup. De son côté, Ebène plaignait Verdure. Elle pensait : " J'aimerais bien devenir verte pour qu'il ne se sente plus tout seul". Nos trois amis décidèrent de poursuivre ensemble leur chemin et un jour ils arrivèrent devant un grand château.

Bruno frappa à la porte, sans grand espoir puisqu'on les chassait de partout. Mais à leur grand étonnement la porte s'ouvrit toute seule.


       En se tenant par la main, un peu tremblants, ils pénétrèrent dans une immense salle toute blanche.

Au fond, se tenait un vieillard assis au bout d'une longue table.


Il salua nos amis, et leur dit : " dites-moi ce qui vous ferait plaisir". Comme ils avaient faim, ils demandèrent d'abord un bon repas. Au dessert, Ebène s'approcha doucement du vieillard et lui dit à l'oreille : " je voudrais devenir verte". Le vieillard lui dit : " ce soir, tu n'auras qu'à dormir dans ce grand lit et quand tu te réveilleras, tu seras verte".
       Plus tard, ce fut Verdure qui s'approcha du vieillard et lui dit : " je voudrais devenir noir". Alors le vieil homme lui répondit : " ce soir, tu n'auras qu'à dormir dans ce fauteuil, et demain, tu seras noir". Mais Bruno qui avait tout entendu se dit que demain Ebène et Verdure ne seraient toujours pas de la même couleur et qu'ils seraient à nouveau malheureux.
       Alors, quand le vieillard se retira pour aller se coucher, Bruno prévint immédiatement ses amis. Verdure fut très touché quand il apprit ce que voulait faire Ebène. Il lui dit : " si tu veux devenir verte, c'est que la couleur de ma peau ne te déplaît pas, c'est que tu m'aimes comme je suis. Alors,  je n'ai  plus besoin de changer. Je ne suis plus tout seul".
       Et il ajouta : " et toi, il faut que tu restes comme tu es, parce que je te trouve très belle comme ça ".
       Alors, tous les trois sautèrent de joie et se mirent à danser. Le jour venu, ils quittèrent le château en remerciant le vieillard et reprirent leur route.


       Depuis, ils ne fuient plus de ville en ville. Ils se promènent simplement à travers le monde, heureux.

(
d'après un conte d'Henri Gougaud
"Contes du vieux moulin et de la huchette" - Editions Casterman - Collection "Plaisir des contes")

colorin coloré et mon conte est achevé

Publié dans conte d'europe

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