d'amour et d'eau fraiche...

Publié le par lilavande

Qu'il est doux, qu'il est doux d'écouter des histoires,
Des histoires du temps passé,
Quand les branches d'arbres sont noires,
Quand la neige est épaisse et charge un sol glacé ...
 

Cet hiver là, il avait neigé... et il faut savoir que, dans notre village, la nuit de Noël, lorsque les enfants ont construit des bonshommes ou des bonnes-femmes de neige, ceux-ci se déplacent entre les premiers coups de minuit et le premier chant du coq.

 

J'avais voulu montrer ce miracle à ma fille.

 Ce vingt-quatre décembre, j'étais monté dans le grenier et là... sur une vieille chaise paillée, je l'avais assise sur mes genoux, face à l'oeil de boeuf.

Nous dominions le village et le lacis de ses ruelles.

Sur la place de l'église, elle avait construit avec ses amies, une petite bonne-femme de neige affublée d'un fichu sur la tête et d'un petit tablier bleu autour de la taille.

Ses petits camarades avaient construit un petit bonhomme de neige, fier, avec son bâton et son béret, sur la place de la Mairie.

 

Je la tenais sur mes genoux, tendrement, en lui disant: "Laure-Marie, dans une demi-heure, tu vas voir ce miracle se réaliser!" Quelle infortune! Je n'ai rien observé... car je me suis endormi.

 Le lendemain, lorsque je me suis réveillé, un peu courbattu, elle m'a dit: "Papa!...regarde!...".

Je me suis penché au dessus de l'oeil de boeuf et j'ai vu le bonhomme de neige face à la bonne-femme de neige... qui se regardaient intensément... à deux mètres l'un de l'autre... immobiles comme des statues...

Elle m'a raconté cette nuit: "

Papa! tu as raison! Au premier coup de minuit, le bonhomme de neige a commencé à trembler sur sa base, puis il a glissé lentement pour se rendre sur la place de l'église où il savait qu'il devait découvrir cette petite bonne-femme de neige dont la rumeur des enfants avait colporté l'existence.

Quand il est arrivé, le lieu était désert... car, elle-même, ayant eu aussi connaissance de sa présence avait entrepris de se déplacer vers la place de la mairie... mais par malchance... en prenant une rue parallèle.

 Lorsqu'elle est arrivée sur cette place, elle n'a trouvé personne... Ils se sont cherchés toute la nuit.

Papa... tu sais ... dans la vie... on se cherche parfois longtemps avant de se trouver!

A un moment donné, je les ai aperçus... chacun à chaque extrémité de la grande rue. Ils sont venus l'un vers l'autre, lentement, comme s'ils espéraient tellement cet instant!

Lorsqu'ils furent à deux mètres de distance, le coq a chanté... C'est pour cela qu'ils sont immobilisés là...sous notre fenêtre!"

J'ai descendu quatre à quatre les escaliers avec elle.

Tout le village s'était réuni... silencieusement... et les observait.

Le soleil a commencé à darder ses rayons et le bonhomme de neige et la bonne-femme de neige se sont mis à fondre.

 

Ma fille m'a chuchoté: "Papa... ils fondent d'amour!" Un peu plus tard, il n'est plus resté qu'un béret, un bâton, un fichu et un tablier.

 Leurs eaux se sont mêlées et ont coulé le long du caniveau pour aller se perdre dans la mare du village.

Je suis revenu, triste, à la maison. Laure-Marie a serré très fort ma main dans la sienne, en me disant:

"Papa... ils ont vécu d'amour et d'eau fraîche!".

 henri cazeaux

 

Publié dans conte de noel

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